La lady au parapluie noir - Mary Balogh by Mary Balogh

Auteur:Mary Balogh [Balogh, Mary]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2021-09-01T00:00:00+00:00

— Vous épouser ? répéta Daisy sans comprendre. Mais pourquoi ?

Lord Kincade fronça les sourcils.

— Vous me posez cette question après les camouflets que vous avez essuyés hier soir ? C’était sûrement une torture d’être traitée de la sorte.

— Je n’ai rien remarqué jusqu’à ce que lady Hetty et Rose m’en parlent dans la calèche, confessa Daisy. Une vaste plaisanterie, si vous voulez mon avis.

— On peut juger ce genre de comportement absurde, admit le vicomte, déconcerté par tant d’innocence et d’aveuglement. Mais les conséquences de cette mésaventure seront bien réelles, croyez-moi. Un certain nombre de personnes – des femmes surtout, et malheureusement parmi les plus influentes – vous fermeront leurs portes ou vous tourneront le dos à l’occasion d’événements mondains. Vous en souffrirez, et cela n’a rien d’une plaisanterie.

— Je persiste à penser que tout cela est d’une absurdité sans nom, s’entêta Daisy. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent à mon sujet, je m’en moque comme d’une guigne. Et s’ils me font une quelconque remarque, je ne me priverai pas de leur dire qu’ils racontent des sornettes.

— Mademoiselle Morrison, réfléchissez à la situation d’hier soir. Nous étions seuls, vous et moi, enlacés dans une étreinte des plus intimes.

— Une autre absurdité, le coupa Daisy, qui se retint de justesse d’éviter son regard. Vous ne m’embrassiez pas vraiment.

— Je vous tenais contre moi et ma bouche couvrait la vôtre, lâcha-t-il sans ménagement. Dans le vocabulaire de la plupart des gens, cela correspond à la définition d’un baiser, peut-être même un peu plus. Et, bien sûr, ces femmes ont exagéré ce qu’elles ont vu.

— Elles n’ont rien vu. Vous me cachiez.

— Je le croyais. Il y avait un miroir derrière vous. Par malchance, je ne m’en suis aperçu qu’après. Sinon, le scandale aurait été en grande partie évité. Nous nous serions juste rendus coupables d’être restés seuls dans une pièce.

— À quel point ont-elles exagéré les choses ? demanda Daisy.

— Mieux vaut que vous l’ignoriez.

— Je veux savoir. Dites-le-moi.

Lord Kincade peinait à cacher son exaspération.

— À une autre, je demanderais si elle a un flacon de sels à disposition. Mais mon petit doigt me dit que vous avez la force d’encaisser le choc. Eh bien, il semble que mes mains se soient égarées sur votre buste dévêtu, ainsi que sur d’autres parties de votre anatomie. Comprenez-vous maintenant ? Vous devez m’épouser.

— Personne ne croira jamais à un conte aussi abracadabrant. Qui pourrait imaginer que vous éprouviez du désir pour une fille de mon âge ?

— Presque tout le monde, figurez-vous, répondit-il d’un ton un peu cassant. Cela va peut-être vous étonner, mais pour la plupart des gens, vingt-cinq ans, c’est loin d’être l’antichambre de la sénilité. Et vous ne faites pas votre âge, Daisy Morrison, sans compter que vous êtes très jolie.

Elle en resta sans voix, puis éclata de rire.

— Ne dites donc pas de bêtises.

— Cette conversation commence à devenir lassante, s’agaça-t-il, se rendant compte avec étonnement qu’elle était sincère et qu’il ne s’agissait pas de fausse modestie. Donnez-moi votre réponse.

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